Deuxième essai, Jade n'est toujours pas emballée, elle a l'air d'aimer faire du vélo avec ces petites roues et pas prête à vouloir les enlever.

En règle générale c'est l'enfant lui même qui demande à enlever ces petites roues mais pas dans ce cas là ... Il faut dire que la draisienne non plus ne l'attirait pas étant petite. 

Papa voulait perpétuer cette tradition ancestrale : on bidouille avec la clé à molette et on enlève les petites roues ! Lui apprendre lui à faire du vélo sans roulettes, parce que c'est quelques choses dont on se rappelle toute sa vie au fond de nous, c'est un passage important dans la vie. 

Jade stressée n'y arrivait pas, par peur de tomber peut-être, de se faire mal ou peut-être parce qu'elle se mettait trop la pression de décevoir son père. 

Moi, je restais là à les regarder essayer encore et encore sans succès. Je donnais quelques petits conseils par ci par là sans trop m'immiscer dans ce moment (pas hyper joyeux) père-fille.

Rien n'y faire, elle s'arrête de pédaler et tombe dès qu'il la lâche.

Puis on s'est rendu compte que la selle était trop basse mais pas les outils pour la remonter et qu'elle puisse ensuite pédaler correctement. Papa décide de partir acheter une clé pour l'ajuster à sa taille. 

Du coup, je décide le temps qu'il n'est pas là d'essayer à mon tour. Au fond de moi, je suis partagée, j'ai envie de passer du temps avec elle et de la faire progresser mais d'un autre pas forcément envie qu'elle y arrive avec moi pour ne pas que Papa ait ce moment tant attendu ... volé ! 

Je ne voulais surtout pas lui prendre ce moment.

On a essayé petit à petit en se fixant des objectifs, d'abord en mettant une veste à quelques mètres pour qu'elle fonce droit dessus. Plus on essayait et plus elle arrivait presque au niveau de la veste en allant toujours plus loin à chaque fois. Avec mon bidon qui commence à se faire bien sentir, je cours à côté d'elle en tenant la selle, et je lâche. Et hop ! Elle s'élance et cette fois ci est là bonne, elle atteint la veste ! Fallait voir la joie sur mon visage mais surtout sur le sien ! Elle découvrait en elle qu'en persévérant elle arrivait à ce qu'elle se fixait et puis "trop bien on pourra dire à papa que j'ai réussis !". Elle voulait rendre fière son Papa. 

Allez ! On remonte en selle et on déplace la veste un peu plus loin. Un ! Deux ! Trois ! C'est partit ! Elle arrivait à pédaler seule en ligne droite ! D'un coup, un "Ouaiiiiiiis ! Trop bien Jadou ! Tu y arrives !" plein de joie, venant des buissons se fait entendre, Papa avait tout vu ! Il était tellement content pour sa princesse ! 

L'après-midi passe, elle acquiert totalement la ligne droite. On essaye de lui apprendre à tourner, on verra plus tard pour le démarrage. Difficile car la peur revient lorsqu'il faut tourner. 

Il se fait tard, c'est l'heure de rentrer. On verra la prochaine fois pour qu'elle tourne et démarre. 

Papa est très fière d'elle, moi aussi. Il lui répète une bonne dizaine de fois dans la voiture, en espérant qu'elle aussi soit fière d'elle car c'est déjà une sacrée belle étape qu'elle a passé.